Culture de vie de l'ethnie des La Hu au Vietnam
Les La Hủ vivent en des hameaux éparpillés à flanc de coteau, chacun forme d’un certain nombre de groupes de trois ou quatre familles. Cependant, ils ont adopté le mode de vie sesdentaire et commencent chaque jour plus nombreux à baatir des maisons à même le sol avec des cloisons et parois en bambou tressé.
Les La Hủ
- Nom de l’ethnie: La Hủ (La Hu).
- Autres noms: Xá Toong Lương our Xá aux feuilles jaunes, Xá Pươi, Khạ Quy (Xá Quỷ), Khù Sung ou Cò Sung.
- Groupes locaux: La Hủ Sủ (La Hủ Jaune), La Hủ Na (La Hủ Noir), La Hủ Phung (La Hủ Blanc).
- Population: près de 7.000.
- Langue: Tibéto-birmane.
- Aire d’habitat: Le district de Mường Tè (prov. de Lai Châu). La même ethnie est présente en Chine.
- Vie matérielle:
Les La Hủ vivent en des hameaux éparpillés à flanc de coteau, chacun forme d’un certain nombre de groupes de trois ou quatre familles. Cependant, ils ont adopté le mode de vie sesdentaire et commencent chaque jour plus nombreux à baatir des maisons à même le sol avec des cloisons et parois en bambou tressé. Certaines maisons ont des murs en pisé comme celles des Hà Nhì voisins. La disposition intérieure n’obéit à aucun ordre conventionnel mais il existe toujours un foyer servant à la fois de cuisine et pour le chauffage des membres de la famille et des hôtes. Le foyer est placé dans la partie de la maison où couche le maitre de céans. L’autel des ancêtres est fixé à la cloison à la tête du lit de ce dernier.
D’ordinaire, les femmes portent une tunique noire ou indigo qui descend jusqu’à mi-jambes, boutonnée à droite et décorée à la hauteur du cou et de la poitrine des morceaux d’estoffe de couleurs différentes et d’une bande brodée; les manches étroites sont formées de bandes d’estoffe verte, rouge, blanche, noire… cousues ensemble. Aux grandes occasions, elles enfilent par dessus une veste blanche sans manches, fermée sur le devant et ornée de motifs de papillons, des pièces de monnaie en argent, en alluminium et des franges de fils rouges.
Les La Hủ vivent surtout de la culture sur brulis, de la cueillette et de la chasse. Le mais est la principale plante alimentaire souvent cultivée à côté des cucurbitacées, des haricots, des lesfsgumes... Le travail sur les brulis se fait avec un couteau, une petite pioche, un bâton à fouir dont l’extrémité est taillée en pointe et durcie au feu. Chaque lopin de terre est cultivé pendant 1-2 ans puis laissé en jachère pendant deux ou trois ans. Le cycle peut recommencer 3-4 fois, après quoi c’est l’abandon definitif. Les La Hủ doivent resaliser les soudures avec des tubercules, des fruits sauvages, des légumes sauvages, de troncs farineux..., le rendement de l’agriculture estant très faible. En dehors de l’arbalète qui est l’arme usuelle, ils se servent encore des fusils à silex et des pièges. La pêche se fait à la nasse et récemment au filet, et même à la main au moment où des poissons ou des grenouilles fraient dans les flaques d’eau, les ruisseaux... Les La Hủ sont habiles dans la vannerie, dans la forge. Les produits sont avant tout destinés à l’ausage local; une partie est échangée avec les Thái, les Hà Nhì... contre le sel, les instruments aratoires...
- Vie familiale et sociale:
La vie des La Hủ était très difficile. Sous le régime féodo-colonial, súng quán (chef du hameau) est la plus haute fonction à laquelle pouvait prétendre un La Hủ. Elle était responsable de la collecte impôts et de la gestion des affaires suivant les contumes, aidée en cela par un tạo bản et sun seo phải.
Les habitants d’un hameau La Hủ peuvent appartenir à plusieur lignées. Chaque lignée comprend un certain nombre de branches portant chacune un nom d’oiseau ou d’animal. Les noms de famille comme Pờ, Vàng, Phán, Giàng,... qu’on rencontre chez les La Hủ sont en fait venus d’autres ethnies par le truchement des mariages interethniques.
La famille La Hủ comprend en moyenne de 6 à 8 membres. Le caractère patrilinéaire est net mais les femmes jouissent de l’égalité dans la vie familiale. Les jeunes sont libres de choisir leur conjoint (e). Les La Hủ sont monogames. Le mariage entre les gens d’une même branche est interdit, mais toléré entre les cousins parallèles matrilatéraux et les cousins croisés. La contume veut que les frères du mari s’abstiennent de se marier avec les sœurs de la femme. La durée de la période de matrilocat autrefois de 7 à 8 ans, a été ramenée à 2 ou 3 ans.
Les femmes accouchent dans leur chambre. Trois jours après, elles invitent des vieillards à un léger festin à l’issue duquel ils donnent à l’enfant un nom. Mais si entre-temps est venu un hôte inattendu, on lui réserve cet honneur. Si l’enfant est souvent malade, on abandonne ce nom et lui choisit un autre pour conjurer le mauvais sort.
Quand une personne meurt, on tire trois coups de feu pour chasser les esprits et annoncer la nouvelle au village. Avant l’enterrement, le corps est placé sur une natte à même le sol. Des rites d’offrande sont célébrés alors que les hommes dansent tout autour aux sons de trompette. Pour choisir un arbre pour le cercueil, on procède à un rite qui consiste à jeter un œuf par terre : le choix est fixé si l’œuf se brise. Le tronc de bois est scié en deux suivant la longueur puis vidé, l’extrémité supérieure du tronc est la tête du cercueil. Le choix de l’emplacement est aussi déterminé par le rite de l’œuf. Les La Hủ ne dressent pas de maison funéraire.
- Vie spirituelle:
Les ancêtres font l’objet d’un culte important mais souvent on ne remonte pas plus loin que la génération des parents, le culte de trois générations antérieures n’ayant lieu qu’en cas de maladie grave.
Une fois par an, après la mise en culture du mais, le jour du tigre du 4e mois, les habitants du hameau célèbrent le culte du Génie du Sol pour demander protection et prospérité. Dans le cycle de la production, on accomplit encore des rites en l’honneur de l’âme du riz, du mais. Les forgerons célèbrent le culte du Saint Patron de leur métier au dixième mois, le jour du cheval.
La fête du Tết n’est pas fixée à une date déterminée pour toute l’ethnie, chaque hameau fête son Tết à la fin de la moisson. Pendant trois ou quatre jours, tout le monde s’amuse, chante, danse, joue de la musique. Les chants sont en Hà Nhì avec un rythme particulier. Le khèn à calebasse est l’instrument de musique populaire qui donne une gamme de cinq notes avec cinq tuyaux de bambou de longueurs différentes.